Les « assistants de régulation » à votre service : entretien [2]
Les « assistants d’aide à la régulation » portent des chasubles jaunes ou vertes. Ils sont là pour aider à fluidifier le trafic et bénéficient, dans le cadre de leur contrat, d’une aide à l’insertion professionnelle. J’ai rencontré Irène, Abdel et leur tutrice, Sabrina, à Nation, où est installée l’entité d’aide à la régulation.
Irène et Abdel bénéficient actuellement d’un « contrat d’accompagnement dans l’emploi » (CAE) [Lire la première partie : présentation du métier d’assistant d’aide à la régulation]. Sabrina est leur tutrice, elle les encadre au quotidien et les accompagne notamment dans leurs démarches de retour à l’emploi.
Retour sur un échange avec trois personnes hyper motivées et qui m’ont beaucoup touchée ! J’espère que vous pourrez vous rendre compte de leur engagement et parfois même de leur émotion, à travers ma retranscription de cet entretien.
Irène, Abdel, depuis combien de temps avez-vous débuté votre contrat et quel est le sens de votre démarche ?
Abdel : J’ai 25 ans et j’ai commencé en octobre 2016. En fait, j’ai quitté l’école à 16 ans et demi et j’ai enchainé les petits boulots depuis, dans la vente, en tant que livreur… Mais mon véritable projet professionnel, c’est de devenir « machiniste » [NDLR : c’est comme cela que l’on appelle les conducteurs de bus à la RATP]. Mon voisin fait ce métier et il m’en a beaucoup parlé. C’est lui qui m’a donné la vocation. J’ai passé mon permis de conduire, j’ai été chauffeur, livreur… Puis, j’ai envoyé une lettre de motivation à la RATP. On m’a proposé de passer directement les examens de machiniste, mais j’ai préféré opter pour un « CAE ». Grâce à cette expérience du terrain et à l’accompagnement de notre tuteur, je mets toutes les chances de mon côté pour réussir l’examen !
Irène : Moi, j’ai 56 ans et j’avais beaucoup de mal à trouver un emploi stable. Pôle emploi m’a parlé des « contrat d’accompagnement dans l’emploi », j’ai passé les entretiens et j’ai débuté en février 2015. Retourner au travail, sur le terrain, ça m’a beaucoup appris. Et surtout, ici, on est bien suivi et formé. Par exemple, on a des formations pratiques pour la fermeture des portes, ce que l’on doit faire au quotidien, mais on est aussi formé en maths ou en français. Tout cela m’aide aussi dans la vie de tous les jours, à Paris.
Depuis près d’un an, j’ai pu construire un vrai projet professionnel. J’aime travailler au contact et au service des clients, j’avais eu de nombreuses expériences dans la vente auparavant. C’est pour cette raison que je me suis orientée vers les métiers d’agent des gares. J’ai passé tous les tests, les entretiens, les visites médicales. J’étais très motivée, je le suis toujours. J’ai beaucoup travaillé. J’ai été très bien formée et j’ai réussi les sélections pour intégrer l’entreprise. Je serai très bientôt agent des gares, j’en suis vraiment très heureuse !
Sabrina, en tant que tutrice, ce doit être une véritable fierté pour toi quand une personne que tu accompagnes se reconvertit avec succès ?
Sabrina: Évidemment ! Ma mission c’est de partager mon expérience du terrain. Je suis tutrice depuis avril 2015, mais à la RATP depuis 1993. J’ai aussi beaucoup travaillé au contact des clients sur la ligne 14, la ligne 5 du métro et aujourd’hui au RER. Je suis devenue tutrice, parce que ce qui me plait dans cette mission, c’est que ce que je transmets c’est ma vie finalement! C’est un métier très humain et ça me correspond bien.
Je suis aussi manager, je dois leur redonner des repères, tant professionnels que personnels bien souvent. Le monde du travail est très difficile aujourd’hui, je ne vous apprends rien ! Les personnes qui obtiennent des « CAE » doivent reprendre confiance en eux. Aussi, je fais beaucoup de coaching. Je leur explique que l’on peut tout apprendre, le tout c’est de le vouloir. Ce n’est pas parce que l’on n’a pas fait de longues études que l’on ne peut pas faire ce que l’on veut. Je pense que la motivation c’est la clé et dans le cas d’Irène, par exemple, à plus de 50 ans c’est vrai que certaines personnes peuvent se décourager. Mais pas elle, elle est persévérante et son travail a payé. C’est une belle réussite !
Mais est ce que toutes les personnes qui occupent des postes d’assistants de régulation se reconvertissent à la RATP ?
Sabrina : En fait, ce n’est pas du tout le but. Les « CAE » sont destinés à des personnes de tous âges, de 18 à 64 ans. Il s’agit de contrats de 1 an, reconductibles 2 fois 6 mois, sauf pour les personnes de plus de 50 ans, qui peuvent rester plus longtemps, notamment parce qu’après 50 ans, il est parfois plus difficile de retrouver un emploi. Tous les mois, nous recrutons environ 40 salariés.
Mais ce contrat c’est surtout un formidable tremplin. Le but c’est, avant tout, de les aider à construire leur projet professionnel et de faciliter leur insertion. Ils suivent des formations pour leur activité quotidienne pendant l’année, forcément, comme la formation d’aide à la fermeture des portes. Cela peut sembler ridicule d’apprendre à fermer les portes, a priori, mais il ne s’agit pas simplement de fermer la porte : c’est savoir se positionner, comprendre le flux, anticiper les réactions, éviter les mouvements de foule… Bref, savoir parler aux voyageurs et connaître les bons gestes également.
Ils passent d’ailleurs un certificat de secourisme, pour connaitre les premiers gestes en attendant les pompiers en cas de malaise voyageur.
Mais ils sont aussi formés pour la suite. Nous leur proposons de s’entrainer à passer des entretiens ou des formations plus spécifiques, par exemple pour devenir ambulancier, agent de sécurité, assistant de vie aux familles, assistant médico-social, agent de restauration, agent de nettoyage, brancardier… Les possibilités sont assez diverses.
Seulement 20% d’entre eux sont recrutés par la RATP finalement. Les autres trouvent d’autres voies, en fonction de leurs motivations.
Et très concrètement, pour finir, si vous deviez me parler de votre expérience sur le terrain, vous me parleriez de quoi ? Vous pouvez faire passer un message aux clients qui lisent le blog par exemple !
Abdel : Personnellement, je suis là depuis seulement quelques mois et j’ai déjà vécu 4 malaises voyageurs en direct. C’est impressionnant quand il y a beaucoup de monde sur les quais. Certaines personnes demandent de l’aide quand elles ne se sentent pas bien. Une personne m’est carrément tombée dans les bras ! Grâce à notre formation, nous connaissons les premiers gestes de secourisme. C’est important pour ne pas paniquer et attendre les pompiers. C’est quelque chose qui nous sert d’ailleurs dans la vie de tous les jours: on saura comment réagir si cela nous arrive avec nos proches !
Irène : En fait, c’est vrai que quelques fois les gens ne comprennent pas que nous sommes là pour les aider. Certains croient que nous les empêchons de monter dans les trains quand, en réalité, nous assurons leur sécurité et nous participons ainsi à la régulation du trafic. Mais en réalité, la plupart des gens sont plutôt sympathiques avec nous. Certains nous font même des petits signes pour nous remercier à travers les vitres du train quand ils partent ! Dans des moments comme cela, je me sens vraiment fière ! Dans ce travail, ce qui me plait c’est d’être utile aux gens avant tout (Abdel acquiesce). C’est pour cela que j’ai voulu continuer dans ce domaine. Ce que je veux dire aux clients, s’ils nous rencontrent sur les quais, c’est bien que nous sommes là pour eux !
Sophie merci pour cet article plein de bienveillance où les travailleurs sont contents de travailler où les managers sont contents de manager où le monde paraît si serein est ce vraiment le reflet de la réalité ? N y a t il jamais de mauvaise humeur ? Jamais de mouvement désagréable ? Jamais de violence ne serait ce que verbale ? Quel joli monde décrit ici ! Merci tout de même pour le mal que vous vous donnez pour animer ce blog en essayant de nous transmettre un peu de douceur et de sérénité
Bonjour,je souhaite déposer ma candidature
Bonjour,
Il faut adresser votre candidature directement au pôle emploi dont vous dépendez. Bon courage dans vos démarches!
Bien à vous,
Sophie