Tirer le signal d’alarme : et alors ?
Quand on prend le RER tous les jours pour se rendre à son travail, on a forcément été confronté à cette situation : un signal d’alarme est tiré dans notre train, voire même dans un train devant nous, et l’on doit patienter de précieuses minutes, avant de savoir ce qu’il se passe ou de repartir.
Un billet pour faire le point sur les conséquences de l’actionnement des signaux d’alarmes et mieux comprendre dans quelles situations on peut y avoir recours… ou pas !
Tirer le signal d’alarme à bord d’un train : seulement dans certaines situations.
Bien entendu, le signal d’alarme à bord du RER A est un dispositif de sécurité absolument indispensable, quand il faut arrêter le train en urgence : pour des faits qui engagent la sécurité des passagers et l’intégrité du train, tel qu’un bris de vitre ou une personne coincée dans les portes, par exemple.
Mais toute urgence ne nécessite pas l’arrêt du train immédiatement. Tout simplement parce que la gestion d’un incident est toujours plus simple en gare !
Quand on tire un signal d’alarme, qu’est-ce qu’il se passe ?
Comme cela est indiqué dans l’infographie ci-dessus, le signal d’alarme est lié au système de freinage des trains. Si le train est à l’arrêt ou s’il roule à très faible vitesse*, le conducteur ne pourra pas repartir.
En revanche, quand le train roule normalement, le freinage est inhibé et le conducteur doit évaluer la gravité de la situation (par l’interphonie ou la vidéo), tout en poursuivant sa route jusqu’à la prochaine gare.
Mais attention : si le train s’arrête avant d’atteindre le premier quai, par exemple parce qu’il y a un « feu rouge », pour repartir, le conducteur doit effectuer des vérifications de sécurité. Il pourra ensuite réarmer le signal d’alarme, depuis la voiture où il a été actionné, ou même à distance sur le MI09.
De fait, pour le conducteur, quand on tire un signal d’alarme dans son train, il faut appliquer la procédure de vérification suivante:
- Il est avisé par un signal lumineux et une sonnerie en cabine. Sur le MI09, un retour caméra de la rame où le signal a été actionné va également s’afficher.
- Le conducteur prend contact par interphone avec le voyageur qui a actionné le signal.
- Il évalue la situation : s’il est possible d’avancer jusqu’à la prochaine gare, il ne va pas s’arrêter.
- Si le train s’est arrêté, le conducteur doit marcher jusqu’à la voiture où le signal a été tiré dans le train, pour réarmer le système, regagner sa cabine. Sur le MI09, cette procédure peut être faite à distance depuis sa cabine.
- Il pourra alors faire repartir le train et informer les voyageurs de ce qu’il s’est passé. Et pendant tout ce temps, les trains qui le suivent sont également impactés par l’incident.
Près de 50% des signaux d’alarme tirés sans raison au premier semestre…
Ainsi, il y a eu près de 650 signaux d’alarme tirés au premier semestre 2018, soit plus de 100 chaque mois, en moyenne. Et dans presque la moitié des cas, le signal d’alarme a été actionné sans raison !
Parfois, même si l’on sait pourquoi, on se rend compte que cela n’était pas réellement utile… et c’est par méconnaissance du système que les voyageurs procèdent de la sorte (d’où ce billet!).
Bien évidemment, lorsqu’un incident se passe effectivement dans le train, le conducteur va contacter le poste de commandement pour l’en aviser, qui prendra les mesures nécessaire pour faire intervenir les secours au plus vite, là où cela est nécessaire, en fonction de la situation.
En cas de malaise d’un voyageur, par exemple, le plus rapide est toujours d’attendre la prochaine gare pour alerter les agents et accompagner le voyageur malade sur le quai, si cela est possible : c’est là que les secours arriveront le plus facilement !
Quelles conséquences quand on tire le signal d’alarme sans raison ?
Un signal d’alarme activé sans danger, ni raison apparente peut donc impacter le trafic pendant de longues minutes pour tous les voyageurs sur la ligne et est considéré comme un acte de malveillance. Quand on sait qu’aux heures de pointe on transporte quelques 640 000 voyageurs sur la ligne A, soit l’équivalent de la ville de Lyon… Ça fait effectivement beaucoup de monde qui attend dans le train !
Tirer un signal d’alarme de manière abusive est d’ailleurs totalement interdit par la Loi. Aussi, tirer le signal d’alarme sans motif légitime expose l’auteur des faits à une peine d’amende allant jusqu’à 750€**, mais les peines encourues sont plus lourdes, si l’intention de nuire est établie*** (jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 3750€ d’amende).
*A moins de 6 km/heures, l’actionnement du signal d’alarme va automatiquement arrêter le train.
** Article 5-10° du décret n°2016-541 du 3 mai 2016 relatif à la sûreté et aux règles de conduite dans les transports ferroviaires ou guidés: « Il est interdit à toute personne (…) de se servir sans motif légitime d’un signal d’alarme ou d’arrêt mis à la disposition des voyageurs dans les espaces et véhicules affectés au transport public de voyageurs ou de marchandises pour faire appel aux agents de l’exploitant »
***Article L.2242-4-8° du Code des transports: « le fait (…) de faire usage du signal d’alarme ou d’arrêt mis à la disposition des voyageurs de manière illégitime et dans l’intention de troubler ou d’entraver la mise en marche ou la circulation des trains »
Il a été évoqué sur twitter un manque d’exemples concrets sur quand peut-on ou non actionner un signal d’alarme (ksa). Si je partage cet avis, malgré tout je tiens à rappeler que, comme cela est précisé à côté des tirettes de ksa ET dans l’article, c’est un dispositif d’urgence à n’actionner donc … qu’en cas d’urgence – étant entendu que « oups, j’ai loupé ma gare / je suis monté-e ds un train qui ne s’y arrête pas » n’est pas à considérer comme une urgence.
Après, il y a effectivement des cas où on peut se demander s’il faut ou non actionner le ksa. En préambule je préciserai que s’il y a une règle à retenir quand on est de bonne foi (et ce mm si on s’est simplement trompé, ça arrive !) c’est la suivante : rester à proximité de l’interphone pour pouvoir répondre aux questions du conducteur ! Avec un interlocuteur « au bout du fil » il pourra rapidement lever le doute et décider s’il faut arrêter immédiatement le train ou profiter de l’inhibition pour ne s’arrêter qu’à la prochaine gare, ou bien si le train est déjà à l’arrêt réarmer à distance le ksa si c’est un MI09, ou aller le réarmer rapidement si c’est un MI2N, pr repartir en gare – tt en informant le PCC qui saura décider de la conduite à tenir pour les trains suivants !
Maintenant, nous avons fréquemment des ksa actionnés par des voyageurs qui oublient de descendre alors que le train est terminus et qui se voient donc avec inquiétude dirigés vers les faisceaux de garage. Je peux comprendre le stress, mais il faut savoir que dans 95% des cas en journée le train n’effectue qu’une simple manœuvre de retournement et revient à quai, ce qui sera tj le moyen le plus simple, le plus rapide et le moins dangereux pr retourner à destination.
Dans les 5% restants où le train est destiné à être garé le conducteur a obligation de le visiter avant de partir : peu probable que vous y restiez donc enfermé sans personne pour vous raccompagner à la gare, par ailleurs cheminer sur les voies étant strictement réglementé, vs y aventurer seul vs expose à des dangers et des sanctions. Si toutefois vous voulez être sûrs d’avertir le conducteur de votre présence, essayez d’attendre que le train soit immobilisé : cela voudra dire qu’il est bien arrivé à sa position de garage, que le conducteur pourra rentrer rapidement en contact avec vs pour vs indiquer la marche à suivre – et la plupart du tps faire le nécessaire auprès du PCC pour que le train retourne rapidement à quai, et cela évitera d’immobiliser le train dans une position qui entraînera la paralysie du trafic derrière.
Merci ChuppyLulu pour ce retour d’expérience!
Merci pour ce billet très intéressant et instructif
Rester à l’arrêt 15 minutes à Nanterre préfecture : et alors ?
Depuis une semaine 3 fois sur 4 mon train reste arrêté plus de 3 minutes
13 minutes encore ce samedi
Mais non, l’interconnexion n’a aucun impact sur le temps de trajet…
Bonjour,
Je ne sais pas si c’est possible,mais je pense que ce serait intéressant d’afficher dans les RER les motifs qui autorisent à tirer le signal d’alarme comme par exemple un malaise voyageur,ça pourrait peut-être permettre de réduire le nombre de signaux d’alarmes tirés sans raison et de savoir quand il faut vraiment tirer le signal d’alarme.
Bonjour Linor,
Comme je l’ai écrit dans l’article, en réalité, en cas de malaise d’un voyageur, « le plus rapide est toujours d’attendre la prochaine gare pour alerter les agents et accompagner le voyageur malade sur le quai, si cela est possible : c’est là que les secours arriveront le plus facilement ! »
Donc, si vous êtes dans un train et qu’une personne fait un malaise, le plus efficace est malgré tout d’attendre l’arrêt en gare. Ensuite, si la personne malade peut descendre du train, alors vous pourrez actionner une borne d’appel pour faire intervenir une équipe de secours.
J’ai l’intention de publier prochainement un billet de sensibilisation pour rappeler cette procédure.
Bien à vous,
Sophie
Bonjour Sophie,
Sujet intéressant. Après lecture de ce billet, et à partir du moment où le malaise d’un voyageur (incident le plus probable j’imagine) ne doit pas entrainer l’actionnement du signal d’alarme, j’en conclus qu’il ne faut presque jamais l’actionner. A plus forte raison, si le train continue son trajet jusqu’à la prochaine gare ce que j’ignorais. Dans presque toutes le situations possibles, autant attendre le prochain arrêt en fin de compte.
Dans la moitié des cas, le signal d’alarme est tiré légitimement. Est-il possible d’avoir une situation pratique qui a justifié de tirer la manette ? De plus, dans les cas injustifiés, le malaise voyageur est-il prédominant ?
Le sujet des amendes n’est pas évoqué. Combien d’actionnements injustifiés sont verbalisés ? J’exclus le malaise voyageur car pour quelqu’un qui ne connaît pas la règle, on peut tolérer cette erreur. Qu’en est-il du taux de recouvrement des amendes ?
Beaucoup de questions. Merci d’avance pour vos recherches.
Bonjour Publius,
Merci pour ce retour. En fait, quand j’écris que le signal est tiré sans raison, c’est à dire « sans motif » ou « par inadvertance », dans près de la moitié des cas, cela signifie littéralement que dans la moitié des cas il n’y avait pas de raison du tout de le tirer…
Et les 50% des cas qui restent, il y a bien une raison, mais qui ne nécessitait pas forcément non plus de tirer le signal d’alarme, à savoir: »quand il faut arrêter le train en urgence : pour des faits qui engagent la sécurité des passagers et l’intégrité du train, tel qu’un bris de vitre ou une personne coincée dans les portes, par exemple. »
Pour répondre à votre première question, parmi les raisons pour lesquelles le signal d’alarme est tiré, figure effectivement les voyageurs malades ou blessés dans le train, qui correspondent à environ 25% des cas de signaux d’alarme tirés (donc la moitié des cas, si on ne prend pas en compte les signaux d’alarme tirés sans raison). Parmi les autres cas très réguliers pour lesquels les voyageurs tirent le signal d’alarme, figure ce dont nous a parlé Chuppylulu en commentaire un peu plus haut, les voyageurs qui ne sont pas descendus du train qui part au garage…
Mais la réalité c’est que dans la grande majorité des cas tirer le signal d’alarme n’est pas la bonne solution.
Pour les amendes, je me renseigne!
Bien à vous,
Sophie
Bonjour Publius,
Au sujet de la verbalisation, pour que cela soit possible, il faudrait que les personnes qui auraient actionné le signal d’alarme de manière injustifiée soient prises en flagrant délit. Or, quand le signal est actionné, la priorité est de gérer l’incident, pour faire repartir le train et limiter au maximum l’impact sur la circulation. La verbalisation reste assez rare.
Bien à vous,
Sophie
Bonsoir,
J’ai lu qu’il y a eu beaucoup de signaux d’alarme tirés abusivement aujourd’hui malgré le rappel dans tous les trains des sanctions encourues en cas d’usage abusif de ce signal qui n’est pas un jeu.Je pense bien qu’il est difficile de les identifier et sanctionner ceux qui l’utilisent pour s’amuser et c’est embêtant qu’ils ne soient pas retrouvés pour être verbalisé.