Rencontre avec des conducteurs du RER A [2/3] : En cabine au quotidien!
Ils vous conduisent et vous les apercevez tous les jours dans leur cabine, à leur arrivée en gare. Mais, finalement, le métier et l’organisation au quotidien de l’activité des conducteurs sont assez méconnus des voyageurs. Je suis allée à la rencontre de 4 conducteurs, justement pour vous permettre de mieux les connaître. (Partie 2)
Antonio, Isabelle, Thomas et Sébastien sont tous les 4 conducteurs sur la ligne A: les premiers sont conducteurs à la RATP et les seconds « mécaniciens » de SNCF Transilien. Dans mon précédent billet (partie 1), ils se sont présentés et nous ont expliqué comment et pourquoi ils sont devenus conducteurs. Je leur ai aussi demandé de me raconter leur quotidien, c’est l’objet de ce second billet.
Pour lire la première partie de l’interview, sur le processus de recrutement de nos conducteurs: cliquez ici
Pour lire la troisième et dernière partie de l’interview, sur la prise de parole des conducteurs: cliquez ici
Vous avez été recrutés différemment, puisque vous travaillez chacun pour l’un des deux opérateurs de la ligne A, comme vous avez pu nous l’expliquer au début de cette interview. Mais finalement, vous faites le même métier! Qu’est-ce qui vous plait le plus, aujourd’hui, dans votre quotidien ?
Sébastien : L’autonomie !
Antonio complète : En effet, c’est un métier où il faut faire preuve de beaucoup d’autonomie, parce qu’en cabine on conduit seul. On est maître à bord et c’est aussi beaucoup de responsabilités. On voit bien, à travers nos parcours, que devenir conducteur a été un choix de vie, l’envie d’évoluer professionnellement et pour tous les 4 –c’est ce que je retiens de nos précédents échanges- de rester sur le terrain.
Mais paradoxalement, faire tourner la ligne A c’est bien sûr un travail d’équipe. Les voyageurs ne voient que le conducteur qui arrive à quai, mais ça ne fonctionnerait pas sans tous les autres acteurs de la ligne: à la maintenance, à la régulation [au centre opérationnel Transilien (COT) ou au centre opérationnel de gestion des circulations de Saint-Lazare (COGC), dans les postes d’aiguillages ou au poste de commandes et de contrôles centralisé de Vincennes (PCC)], en gare… et il y a en a beaucoup ! Nous ne sommes qu’un maillon de la chaine même si les voyageurs nous voient plus, forcément !
Effectivement, j’essaye de présenter tous les acteurs du RER A aux voyageurs sur le blog, petit à petit. Ce sont tous ces « maillons » qui, ensemble, permettent à la ligne de fonctionner. C’est important de le souligner. Vous avez raison! Et si vous deviez parler de votre quotidien, que diriez-vous ? C’est quoi l’objectif d’un conducteur du RER A ?
Isabelle : C’est tout simplement de transporter les voyageurs d’une gare à l’autre en toute sécurité et avec la plus grande régularité possible. Nous, on obéit à la règlementation. Parfois, on aperçoit des voyageurs qui nous font des signes à notre arrivée en gare. Ils tendent leur montre comme pour nous dire qu’on est en retard… Mais si on arrive à telle ou telle heure, c’est simplement que l’on a suivi la règlementation établie par la sécurité ferroviaire. On roule à une certaine vitesse en fonction de la signalisation. En plus, si on ne fait pas ce qui était prévu, même 5 minutes de retard, on doit le justifier. Cela dit généralement, et il faut le dire, les gens sont très patients.
Antonio : Nous sommes tous les deux tuteurs, c’est à dire que nous complétons la formation des nouveaux conducteurs de la ligne. On transmet notre expérience à la fois en conduite, mais aussi concernant la vie de l’attachement. Il y a quatre attachements de conduite de la RATP sur la ligne -c’est là que l’on prend notre service-: Rueil-Malmaison, Nanterre Préfecture, La Varenne (avec une annexe à Boissy) et Torcy. Isabelle et moi sommes tous les deux rattachés à « l’attachement» de Rueil. Et si on parle d’attachement, en l’occurrence, c’est vrai que l’on y est très attaché ! On travaille en équipe et il y a une bonne cohésion entre nous.
Sébastien : En tant que jeunes conducteurs, on est aussi bien accompagnés. On est en formation continue de toute façon tout au long de notre carrière de conducteur, que ce soit chez SNCF et à la RATP, pour des questions de sécurité évidentes. La sécurité c’est bien évidemment notre priorité !
Isabelle : Le quotidien est très varié finalement. Bien sûr, on fait des formations, des rappels, mais aussi des mises à jour de nos connaissances, notamment sur la sécurité ferroviaire justement.
Vous avez tous conduit sur d’autres lignes, que ce soit le métro ou les autres lignes Transilien. Elle est particulière la ligne A ?
Isabelle : Passer du métro au RER c’est un gros changement, une ligne plus complexe, un matériel plus imposant… J’ai beaucoup aimé le métro, mais l’avantage au RER, c’est qu’on profite du paysage !
Thomas : C’est vrai que conduire en extérieur, c’est agréable. Mais on reste hyper vigilent et concentré en permanence. En effet, sur les branches Poissy et Cergy -c’est certainement vrai aussi sur le tronçon central, à l’heure de pointe-, on conduit en zone dense et les trains sont très rapprochés.
Et les milliers de voyageurs que vous transportez dans un seul train… Vous l’avez dit c’est une grosse responsabilité. Ce doit être impressionnant, surtout au début ? Comment on le gère, ça ?
Thomas : Bien sûr, on sait bien que l’on peut transporter plus de 2600 personnes dans un train. D’ailleurs, si les voyageurs nous voient, nous aussi on les voit monter dans le train. Mais, ensuite, on ne les voit plus. Simplement, c’est vrai que quand le train est plein, c’est comme avec une voiture, quand on accélère on ressent le poids des passagers !
Antonio : On les voit monter et il peut nous arriver d’entendre les voyageurs qui sont dans la rame juste derrière la cabine.
Isabelle : Au métro, les gens viennent nous parler en station. Régulièrement. Mais à l’arrêt bien entendu ! Au RER, c’est plus rare, mais ça peut arriver.
Sébastien : On se concentre encore une fois sur la conduite, mais on sait bien que l’on a plein de personnes à l’arrière. Donc, on soigne notre freinage évidemment !
Idée pour le prochain sujet (puisque visiblement le votre ne fait pas réagir des masses) :
Rencontre avec un usager du Rer A : en wagon au quotidien !
Bon l’idéal c’est qu’il soit rédigé par un vrai usager, afin que vous puissiez comprendre à votre tour.
C’est donnant donnant, pas mal non ? 🙂
Bonjour Caradsiac,
Bien sûr, j’ai bien conscience du fait que l’ensemble des billets que je publie ne vont pas nécessairement susciter des commentaires. En l’occurrence le billet « discussion », en tous cas celui que j’avais envisagé pour cette série de billets sur le métier et le quotidien de nos conducteurs arrive demain: sur la prise de parole. Et c’est bien ce sujet qui avait fait réagir d’ailleurs sous le billet 1/3.
Les deux premiers billets permettent à ceux qui le souhaitent de découvrir les coulisses de la ligne et je peux vous assurer que les statistiques de lecture de ces billets déjà publiés sont bien loin d’être ridicules.
Quoi qu’il en soit, mon objectif c’est d’échanger de manière constructive avec les voyageurs de la ligne. Or, je ne suis pas certaine de bien saisir l’objectif de votre commentaire…
Bonjour Sophie,
J’avoue être un peu effarée par la dernière phrase de votre commentaire…
Nous vivons au quotidien des situations difficiles sur cette ligne de RER et sommes infantilisés au possible sur ce blog.
Je pense qu’il est également constructif de prendre en compte les usagers, je ne crois pas que vous serez en désaccord avec moi.
L’objectif du commentaire de Caradisiac est simplement de dire que parfois nous aimerions des sujets qui nous concernent un peu plus, et je crois que cela a déjà été dit. Mais je crois que nous avons tous fait une croix dessus désormais
Lecteur régulier du blog, je n’ai pas pour habitude de réagir mais pour une fois, je prends mon clavier. Je trouve injuste le procès d’intention fait par @Caradisiac et @Marine. Bien sûr, tout comme vous, je subis au quotidien les déconvenues, les incidents, les retards… A vous entendre, on aurait presque l’impression que la Ratp et la Sncf le font exprès… « Vis ma vie d’usager » c’est l’esprit de ce que demande @caradisiac… beau papier mais quel intérêt ? D’ailleurs, au passage, je trouve que ce blog s’intéresse plus à nous qu’avant. Nous sommes x milliers à suivre ce blog et les sujets qui intéressent les uns, n’intéressent pas forcément les autres. Si le blog devait satisfaire tout le monde, il faudrait une rédaction pléthorique pour publier, publier et publier encore !
Nous avons tous notre propre expérience du rer A et les agents de la ligne sont eux aussi des usagers quotidiens donc à quoi bon si ce n’est vouloir noircir le tableau toujours davantage. En fait, on aime bien parler des problèmes, dire que ça ne va pas bien, que c’est nul mais c’est quand même assez simpliste et facile non ? Pourquoi toujours voir le verre à moitié vide alors qu’on peut le voir à moitié plein ?
Dénoncer les problèmes c’est bien, comprendre pourquoi c’est mieux ! et moi personnellement, j’ai (enfin !) pu avoir une explication sur pourquoi des trains sont annulés, pourquoi il y a certains retards etc… en lisant ça ici. La vocation du blog (qui est un blog institutionnel au passage), n’est pas d’être le « carnet quotidien de l’enfer du rer A », ça, chacun peut le faire tout seul : un clavier, une connexion internet et hop, vous aurez votre propre média.
Après, sur les conditions de nos voyages au quotidien, c’est pas vraiment ici qu’il faut agir car sauf à ce que la ratp se transforme en magicien, la congestion de la ligne ne va pas se résoudre en un claquement de cil. C’est vers les décideurs qu’il faut agir, vers la Région notamment
Je réagissais simplement sur une phrase que je trouvais un brin déplacée. Par ce commentaire, Caradisiac exprimait son ressenti, comme vous le faites maintenant. Et je ne pense pas que l’on vienne douter de l’intérêt de votre commentaire
En toute honnêteté je ne trouve pas la dernière phrase de Sophie plus déplacée que le commentaire de Caradisiac.
Il exprime son ressenti, effectivement (et dans une forme qui se veut assez incisive, pour ne pas dire polémique) mais comme le dit si bien Zuma, les sujets qui intéressent les uns n’intéressent pas forcément les autres.
Il faut quand même garder à l’esprit, encore une fois, que Sophie est seule à gérer le blog, ce qui forcément impose une limite dans le nombre d’articles qu’il est possible de publier.
Et de mon côté, si j’essaye de prendre du temps pour répondre, ici, en détail, ça reste totalement bénévole. Je suis convaincue qu’expliquer l’envers du décors est bénéfique, alors c’est avec plaisir que je le fais, mais honnêtement, parfois, quand je lis un commentaire comme celui de Caradisiac plus haut, forcément j’ai du mal à rester indifférente.
Les incidents, j’ai beau ne pas les vivre comme les voyageurs, quand j’y suis confrontée, c’est prenant, très prenant. Et croyez-moi, si j’essaye de garder en tête les remarques des voyageurs à ce moment là, je fais aussi avec les moyens que j’ai : sur une ligne saturée, je ne suis pas magicienne, effectivement.
Je suis tout autant » Lecteur régulier du blog », et j’ai moi aussi « pas pour habitude de réagir », mais je suis agacé de la com’ déployée par la RATP au travers de ce blog.
Comme le dit Marine :
– « Nous vivons au quotidien des situations difficiles sur cette ligne de RER et >>>> sommes infantilisés au possible sur ce blog. <<<<"
Déjà qu'on doit être une poignée à lire (et encore moins à réagir), et qu'on est sans doute de bons usagers (respect d'autrui, pas de fraude, pas fumeurs dans les wagons, intérêt à la ligne via le blog, etc), si on peut plus répliquer de ce qu'on prend dans les dents (les pots sur "Frauder c'est pas bien", "Fumer dans les wagons c'est pas bien", "oublier son sac c'est pas bien", etc) et des réponses.
Mon com', c'était l'occasion de taquiner puisque cette série de billets n’intéresse peu (5 commentaires en 1 semaine, dont les nôtres qui n'ont rien à voir avec le sujet initial, mais sur ma pique : Vis ma vie de conducteur vs vis ma vie d'usager).
Quant au « carnet quotidien de l’enfer du rer A », il existe déjà, c'est le twitter du Rer A.
Je comprends votre colère et votre réaction et effectivement vous avez eu entièrement raison de réagir ! Effectivement Sophie fait des billets qui parfois ne suscitent que peu de réactions mais au moins ils ont le mérite d exister même si je comprends et adhère totalement au ras le bol des usagers je soutiens aussi humainement Sophie qui fait son possible pour tenir le blog du mieux qu elle peut avec courtoisie et professionnalisme
Bonjour,
Continuant à rechercher des informations pour devenir ADC Transilien,je viens de lire dans ce billet que l’on est bien accompagné et en formation continue,ce qui me rassure et me conforte un peu plus dans le projet de postuler pour devenir ADC chez SNCF.
Merci.
Désolée,j’avais oublié de mentionner que le fait que ce soit une grande responsabilité de conduire un train,ça m’a rassuré de lire de l’interview de Sébastien qui dit que les jeunes conducteurs sont bien accompagnés et qu’il y a des formations tout au long de la carrière de conducteur.